Les charançons des pins


Il existe un peu plus de 74 000 espèces de charançons sur la planète, mais quatre ont le potentiel de faire des dommages significatifs aux pins du Québec. Découvrez-en plus sur ces quatre espèces et sur les stratégies disponibles pour limiter leurs dommages, plus particulièrement sur le charançon du pin blanc qui cause le plus de dégâts et qui exige la plus grande attention de notre part.


 

Charançon du pin blanc

Le charançon du pin blanc (Pissodes strobi Peck) est un insecte indigène au Québec et très répandu depuis l'ère des plantations en raison de leurs conditions chaudes et ouvertes qui lui sont favorables. Il s'attaque principalement aux flèches apicales des jeunes pins et épinettes en pleine lumière. Les adultes pondent des œufs très tôt au printemps, avant le débourrement des arbres, et ce, directement sous le bourgeon apical. Les larves éclosent et consomment l'intérieur de la flèche de l'année précédente, ce qui provoque la mort de la pousse de l'année précédente et de celle en cours. 

Pendant les 5 à 6 premières années d’une attaque, l'évolution des populations de charançon est lente, mais elles se multiplient rapidement par la suite. Il est donc important de surveiller les plantations de bas âge, pendant que les charançons sont peu abondants. Une intervention hâtive permet de maintenir un niveau de dommage faible et réduit significativement le temps nécessaire à l'entretien de la plantation. 

 

  • Mortalité possible des arbres de moins de 50 cm de hauteur

  • Perte de 2 années de croissance en hauteur

  • Production de plusieurs flèches apicales causant une déformation de la tige principale et une perte de valeur du bois

  • Augmentation de la sensibilité aux maladies, surtout à la pourriture de cœur

 

Hôtes principaux

Jeunes pins et épinettes, surtout les pins blancs et les épinettes de Norvège et blanche de moins de 6 m de hauteur ayant une flèche apicale de plus de 4 mm de diamètre et une croissance vigoureuse

Signes observables

  • Au printemps : Petits trous sur la flèche apicale directement sous le bourgeon apical et écoulement possible de résine par les trous

  • Entre la mi-juin et le début de juillet : Flétrissement de la flèche apicale qui prend la forme d'une canne de berger (très caractéristique), rougissement et chute des aiguilles de la pousse annuelle et de celle de l'année précédente, et mort de ces pousses

  • Lors de l'année suivante : Production de plusieurs nouvelles flèches apicales

Sites préférentiels

Plantations de moins de 20 ans et milieux ouverts

 

  • Régénérer le pin en sous-couvert (50 % d’ombre) fournit des conditions moins favorables au charançon. Le couvert dominant peut être retiré progressivement une fois les pins bien établis.

  • Faire des plantations mixtes d’épinettes de Norvège et de pins blancs contribue à protéger le pin blanc, car le charançon préfère l’épinette de Norvège et les attaques ont un impact plus sévère sur la qualité du bois des pins que sur celle des épinettes.  

  • Planter sur des sites ayant un bon drainage et offrant assez de nutriments pour maintenir une bonne vigueur des arbres limite les dommages.

  • Planter les arbres à forte densité (2 m x 2 m) permet, lors des éclaircies éventuelles, de couper les arbres fortement affectés par le charançon. La plantation de pins blancs à forte densité est aussi recommandée dans les zones à risque de rouille vésiculeuse (maladie non abordée dans cette fiche) à condition que les arbres soient élagués systématiquement. 

  • Surveiller les plantations d'espèces vulnérables dès que les arbres atteignent 1 m de hauteur. 

  • Couper et brûler les pousses infestées selon la méthode présentée dans l'encart.

  • Si vous êtes prêt à assurer un suivi attentif de vos plantations, les pins offrent un excellent potentiel en plantation. Sinon, il est préférable d’utiliser une espèce non vulnérable au charançon du pin blanc. 

 

 

L'importance d'intervenir tôt et de répéter l'opération

Les premières attaques ne touchent qu'un nombre restreint d'arbres, mais les populations de charançons du pin blanc augmentent vite. Les adultes peuvent vivre 2 à 3 ans, parfois 4. Ils se reproduisent une fois par année, mais les femelles peuvent pondent jusqu'à 100 œufs. 

La taille des pousses est une stratégie de lutte efficace, lorsqu'effectuée au bon moment, mais elle n'atteint que les larves. Comme les adultes survivent quelques années, il faut répéter l'opération tant qu'ils sont présents. Les études démontrent néanmoins que la charge de travail est moindre lors de tailles successives. 

Intervenir tôt et répéter l'opération annuellement permet de maintenir le seuil d’infestations sous les 3 % selon une étude réalisée sur l'épinette de Norvège. 

 

 

Les autres charançons

Charançon du tronc des pins

Le charançon du tronc des pins (Pissodes nemorensis Germar), sous sa forme larvaire, creuse des galeries sous l'écorce du tronc et du collet, ce qui bloque la circulation de la sève. En général, il cause la mot de certaines branches, mais lors d'attaques sévères, les jeunes arbres dépérissent et peuvent mourir en une saison. 

Hôtes principaux

Jeunes arbres ou arbres affaiblis, pin sylvestre surtout, parfois pins blanc, gris et rouge

Signes observables

Renflements ou décollement de l’écorce aux endroits infestés, cases recouvertes de sciures abritant une larve ou une pupe sous l'écorce

Sites préférentiels

Plantations ou zones d'aménagement intensif 

 

 

  • Couper les arbres gravement affectés et enlever les souches

  • Brûler les déchets de coupe afin d’éliminer les milieux favorisant la reproduction de l’insecte

 

Charançon de Warren

Le charançon de Warren (Hylobius warreni Wood), à l'état larvaire, creuse des galeries sous l’écorce des arbres, au niveau du collet et des racines. Chez les jeunes arbres, les galeries peuvent complètement encercler la tige et tuer l'arbre alors que chez les plus vieux (plus de 30 ans), l'annelage est généralement partiel et ne fait qu'affaiblir les arbres dans la plupart des cas. Ces derniers deviennent par contre plus vulnérables aux maladies et au chablis. Ils subissent aussi une perte de croissance. 

Hôtes principaux

Tous les pins, surtout ceux de moins de 10 ans (affecte aussi les épinettes)

Signes observables

Écoulement de résine près du collet, galeries visibles sous la résine et amas de résine agglutiné avec les débris du sol

Sites préférentiels

Forêts de conifères en terrain humide avec une épaisse couche d’humus ou de débris 

  • Éviter de planter des pins en sol humide ou près d’infestations connues

  • Retirer les débris au sol avant une plantation de pins

  • Élaguer sur 1 m les arbres de 3 m et plus de hauteur

  • Enlever l’humus près du collet et des grosses racines

  • Enlever et brûler les arbres infectés

 

Charançon du pin

Le charançon du pin (Hylobius pales Herbst) est un ennemi potentiellement important en plantation. Des infestations graves passées ont causé jusqu'à 90 % de mortalité des semis en Ontario. Bien que commun au Québec, ce charançon ne cause pas pour l'instant de dommages majeurs. Il faut néanmoins être vigilant au Québec, surtout dans un contexte de changement climatique. 

Les adultes sont attirés par la résine s'écoulant de pins fraîchement coupés. Ensuite, ils déplacent leurs attaques sur l'écorce des jeunes semis causant l'annelage de la tige et la mort des plants. 

Hôtes principaux

Semis de tous les pins ainsi que ceux de quelques autres conifères

Signes observables

Galeries sous l'écorce

Sites préférentiels

Plantations de pins récemment coupées et remises en production 

 

  • Attendre 2 ans entre la coupe d’une plantation de pins et la mise en terre de nouveaux semis


 

 

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