Le dindon sauvage : une espèce bien implantée au Québec


Le dindon sauvage est une espèce fréquemment observée dans le sud du Québec. En effet, cette espèce a su bien s’adapter aux conditions de notre province. Chassée dans certaines régions depuis 2008, elle continue de coloniser des secteurs de plus en plus au nord année après année. Différentes raisons expliquent cette propagation.


 

Un peu d’histoire…

Avant la colonisation, les Amérindiens chassaient le dindon sauvage et la population était estimée à environ 10 millions d’individus en Amérique du Nord. Toutefois, lors de la colonisation par les Européens, il a été une source importante de nourriture et a donc été intensivement exploité. De plus, les colons ont significativement modifié son habitat en transformant les forêts en terres agricoles. Lors de cette période, le profil de la distribution et de l’abondance du dindon sauvage en Amérique du Nord a largement été bouleversé. En 1920, il avait disparu de l’Ontario ainsi que de 18 des 39 états qu’il occupait originairement. De nombreux efforts de réintroduction de l’espèce, faits depuis le début des années 1950 aux États-Unis et depuis 1984 en Ontario, ont porté leurs fruits. Désormais, les populations y sont établies et en croissance.

Au Québec, l’apparition du dindon sauvage est récente. Les premiers individus en milieu naturel ont été aperçus en Montérégie en 1976 et la première nidification a été confirmée en 1984 en Estrie. Vers la fin des années 1980, on estimait à moins d’une centaine d’individus la population de dindons sauvages au Québec. De 2003 à 2013, des opérations de relocalisations ont eu lieu en Outaouais, au Centre-du-Québec et en Mauricie afin d’accélérer sa colonisation en sol québécois.

Depuis, les populations sont jugées comme étant bien établies et en croissance partout dans le sud du Québec (Outaouais, Montérégie, Estrie et Centre-du-Québec). D’ailleurs, une chasse régulière spécifique au dindon sauvage est instaurée depuis 2008 et le nombre de dindons récoltés augmente constamment d’année en année. En effet, la récolte est passée de 584 bêtes en 2008 à 7 600 bêtes en 2018. 

 

 

Les raisons de l’accroissement des populations

En plus du stade de développement, du sexe des individus et de la période de l’année, le taux de survie est influencé à différents niveaux par des facteurs tels que la prédation, les conditions environnementales adverses et la chasse. Le taux de prédation varie et peut représenter de 14 à 55 % des causes de mortalité dans une population de dindons sauvages dépendamment de la qualité de l’habitat, de la densité des populations de dindons et de celles de ses prédateurs (ex. coyote, lynx roux, pékan et grand-duc). L’expansion de cette espèce au Québec est principalement due à un climat favorable (hivers cléments, printemps et étés secs) et à la présence de milieux agricoles. Un printemps pluvieux et froid aura des répercussions néfastes sur la survie des poussins, tandis qu’un hiver froid où plus de 30 cm de neige se sont accumulés au sol pendant plus de 14 jours consécutifs diminuera le taux de survie hivernal des dindons. Conséquemment, les hivers doux et peu neigeux que l’on observe dans le sud du Québec depuis une dizaine d’années aident à la survie hivernale des dindons sauvages dans ce secteur. De plus, la présence de terres agricoles, de boisés et de sources de nourritures près des habitations (ex. mangeoires pour oiseaux, etc.) est aussi un facteur pouvant expliquer la présence abondante du dindon sauvage en Montérégie et en Estrie.

 

Habitats recherchés par cet oiseau

Au Québec, le dindon se retrouve davantage en milieu forestier et agricole (agroforestier), mais, étant omnivore, il demeure un oiseau opportuniste pouvant s’alimenter d’une source variée de nourriture. Afin de subvenir à tous ses besoins, il doit avoir accès à des milieux forestiers hétérogènes et à des milieux ouverts. Les habitats qu’il fréquente varient en fonction de ses besoins. 

Par exemple, les milieux ouverts sont utilisés au printemps et à l’été par les femelles comme site de reproduction, de nidification et d’élevage des oisillons. Les petits trouvent facilement des insectes pour se nourrir en début de vie. Par la suite, les petits et les femelles utiliseront davantage les milieux forestiers à la recherche d’achaines1, de fruits du frêne et de petits fruits (ex. framboises, mûres, sureau). La juxtaposition d’un milieu forestier est importante pour se cacher des prédateurs ainsi que pour se percher pour la nuit. De plus, une source d’eau à proximité permet aussi au dindon de pouvoir s’hydrater sans augmenter ses dépenses énergétiques ou sans s’exposer aux prédateurs sur une grande distance.

 

Aménager son lot pour attirer les dindons

Il est possible d’améliorer la qualité de l’habitat du dindon sur votre lot par la réalisation de certains travaux. Par exemple, bien qu’il ait une alimentation variée, le dindon a une préférence pour les noix (ex. gland de chêne, fruit du caryer ou du hêtre) et les petits fruits sauvages. Par conséquent, le fait de garder une grande variété d’arbres à noix et d’arbres fruitiers (ex. sumac vinaigrier, pommetier, cornouiller, framboisier, sureau) permet au dindon de combler la majorité de ses besoins alimentaires tout au long de l’année.

Comme le dindon se perche la nuit, de gros arbres matures peuvent être conservés afin de servir de perchoirs dans les peuplements mélangés. Les feuillus sont davantage utilisés en saison chaude alors que les résineux offrent une excellente protection contre le vent et le froid en saison hivernale. Idéalement, ceux-ci devraient être à moins de 500 m d’un site d’alimentation.

En milieu agricole, l’aménagement d’un champ nourricier aura pour effet d’attirer les dindons au printemps en plus de leur fournir un complément alimentaire intéressant ainsi qu’un site propice à l’élevage des petits.

 

 

Comment réagir en cas d’une rencontre avec un dindon

Les dindons sauvages, étant des animaux sauvages, ne cherchent généralement pas à aller vers l’être humain. Par conséquent, il est recommandé de ne pas chercher à aller vers eux afin de ne pas les déranger et pour qu’ils conservent la crainte envers l’homme. 

Le dindon peut développer des comportements agressifs envers l’être humain s’il est habitué à cohabiter avec ce dernier et qu’il l’associe à de la nourriture. Si un dindon démontre des signes d’agressivité envers un être humain, ce dernier ne devrait pas hésiter à se faire imposant, parler fort et faire du bruit. Un chien en laisse peut généralement aider à la situation.
 

Cohabitation avec les dindons

De par son comportement diurne et sa taille imposante qui varie en moyenne de 100 à 125 cm pour les mâles, le dindon est facilement remarquable. Bien que sa présence puisse être très appréciée par les ornithologues et les chasseurs, elle peut aussi être moins aimée de certains. C’est notamment le cas de certains producteurs agricoles qui souvent le blâment injustement pour des dommages causés dans les champs qui ont plutôt été l’œuvre d’espèces actives la nuit comme le raton laveur ou le cerf de Virginie. Il est donc important de bien identifier le responsable afin de trouver une solution adaptée. Les dommages causés dans des cas d’ensilage de maïs dans des silos horizontaux ouverts, par exemple, peuvent être limités par l’installation de clôtures. L’ensilage et les balles de foin peuvent être recouverts de neige aussi.

Dans le cas où des dindons fréquenteraient votre terrain, plusieurs solutions sont disponibles afin de les éloigner. La meilleure option pour réduire la présence de dindons à proximité des habitations est de minimiser les sources de nourriture. Donc, il ne faut pas leur donner de nourriture et s’assurer que les jardins et les mangeoires pour oiseaux sauvages leur soient inaccessibles (ex. installation de clôtures). Sous les mangeoires, un grillage peut être installé à 10 cm de la surface du sol pour empêcher les dindons d’atteindre les graines tombées au sol. Dans certains cas, il peut même être nécessaire d’enlever les mangeoires ou leur contenu. 

Bien que le dindon puisse voler, il se déplace davantage en marchant qu’en volant. Par conséquent, l’installation de clôtures autour de la zone que l’on veut protéger peut s’avérer une mesure efficace. Des répulsifs sonores ou lumineux peuvent aussi être une bonne option pour les effrayer. L’utilisation de jets d’eau peut également les effaroucher.

 

Nouveautés au niveau de la chasse au dindon sauvage au Québec

Étant donné l’accroissement des populations et l’intérêt grandissant des chasseurs, plus de possibilités s’offriront aux chasseurs de dindons sauvages à partir de 2020. En effet, la période de chasse du printemps est allongée de trois demi-journées, offrant ainsi 25 demi-journées de chasse dans les régions situées au sud du Québec, soit les zones de chasse 4, 5, 6, 7, 8, 9 et 10. De plus, la grenaille numéro 7 sera désormais autorisée dans les munitions. 

Une chasse d’automne a aussi été ajoutée au calendrier de chasse dans les zones 4, 5, 6, 7, 8 et 10 (situées dans les régions de l’Estrie, de la Montérégie, du Centre-du-Québec et de l’Outaouais). Un permis distinct de celui du printemps sera nécessaire afin de récolter un dindon sauvage (mâle ou femelle) pendant les sept demi-journées durant lesquelles cette chasse sera permise. Les mêmes engins et les mêmes heures qu’à la chasse printanière seront permis à l’automne. Toutefois, à l’automne seulement, il sera possible de chasser avec un chien leveur ou pointeur. Tant au printemps qu’à l’automne, il est désormais interdit de chasser le dindon sauvage à moins de 100 m de tout endroit où des appâts ont été déposés. Ces modalités permettront d’assurer une gestion optimale de l’espèce et favoriseront sa cohabitation avec les citoyens.

 

 

1. Fruit sec contenant qu’une seule graine et qui ne s’ouvre pas spontanément à maturité


En savoir plus 

Pour plus d’informations concernant les nouveautés au plan de gestion de cette espèce, veuillez consulter le :
www.mffp.gouv.qc.ca/la-faune/plans-de-gestion/dindon-sauvage/
 

 

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