La maladie corticale du hêtre


 

Depuis plusieurs années, les hêtres à grandes feuilles sont affectés par une maladie qui se propage à grande vitesse et qui décime les hêtres en masse au Québec. Apprenez-en plus sur cette maladie et sur les options qui s'offrent à nous.

 

 

Les risques de la maladie

Seuls les hêtres sont touchés par cette maladie. Toutefois, 97 à 99 % des hêtres n'ont pas de résistance contre celle-ci. Les arbres infectés s'affaiblissent. Le bois et la cime des arbres se dégradent. Puis, les arbres meurent ou cassent des suites de la détérioration du bois. 

La rupture fréquente des arbres infectés est un risque pour la sécurité. Cela peut engendrer des dommages aux autres végétaux ou aux structures.

 

Les causes de la maladie

La maladie est causée par une interaction entre un insecte (cochenille du hêtre) et deux champignons (Neonectria faginata et Neonectria ditissima). Les champignons infectent l’arbre par des blessures causées par la cochenille qui produit une substance empêchant la cicatrisation de l’arbre et donnant le temps nécessaire aux champignons de faire leur œuvre. D'autres types de blessures peuvent aussi être à l'origine de l'infection. 

 

 

Les symptômes de la maladie corticale

  1. Taches blanches laineuses

  2. Taches brunâtres

  3. Chancres circulaires de 2 cm

  4. Petites boules rouge orangé

  5. Fusion des chancres (aspect verruqueux)

  6. Jaunissement du feuillage

  7. Perte de feuillage

  8. Rupture ou mort de l’arbre sur pied

 

 

La vitesse de développement de l’infection

La dégradation de l'arbre et de son bois est relativement rapide, mais variable selon le diamètre de l'arbre. De plus, un mauvais état de santé et/ou des stress environnementaux (ex. sécheresse) peuvent accélérer la dégradation.

 

Moins de 30 cm

Sans symptômes importants, ils peuvent survivre plus de 20 ans. Dès une perte de feuillage de plus de 10 %, l'arbre décline rapidement et meurt en 5 ans et moins. 

 

Plus de 30 cm

La dégradation est plus lente et la survie plus longue. Toutefois, l'affaiblissement causé rend l'arbre susceptible d'être affecté par d'autres maladies qui lui sont souvent fatales. 

 

La gestion des hêtres à risque ou infectés

Objectifs à atteindre

Comme il n'existe pas de traitement et que très peu de hêtres survivent à long terme, les objectifs d'aménagement sont de : 

  • préserver les hêtres résistants;

  • maintenir la biodiversité et la structure de la forêt;

  • assurer une bonne régénération des espèces désirables;

  • récupérer le bois de hêtre avant sa perdition. 

 

Préservation de certains hêtres

On maintient les hêtres potentiellement résistants qu'on reconnaît à leur vigueur, leur écorce lisse et l'absence ou la faible présence de cochenilles. Les arbres résistants sont souvent en groupe et issus d'un même clone.

Ensuite, on protège ces arbres des blessures mécaniques en maintenant des arbres d'espèces autres tout autour. Enfin, on conserve quelques hêtres de gros diamètres pour la faune. 

 

 

Récolte des hêtres infectés

On récolte en priorité les hêtres présentant des symptômes, puis ceux de gros diamètres, dépérissants, surannés, à écorce rugueuse ou ayant des défauts ou blessures apparentes. 

Le bois est utilisable au maximum deux ans suivant le début de la dégradation de la cime de l'arbre. 

 

Gestion globale du boisé

  • On surveille le peuplement pour détecter la présence de la cochenille et l'infection par les champignons. 

  • On diminue graduellement la proportion de hêtre par une bonne sélection des tiges à abattre. 

  • On contrôle, au besoin, les drageons de hêtre par un dégagement mécanique ou un traitement chimique. 

  • On stimule, au besoin, l'installation d'une régénération en espèces désirables en créant des trouées.

  • On plante, au besoin, de jeunes arbres d'espèces désirables. 

  • On assure la sécurité des travailleurs en présence des hêtres à risque de se rompre. 

  • On limite les blessures aux hêtres à préserver (racines incluses).

  • On évite de transporter du bois contaminé vers des territoires non infestés. 

 

Prévention

Il n'existe pas de traitement pour cette maladie. Toutefois, il est possible d'enrayer la cochenille et de réduire les risques d'infection par les champignons. Pour ce faire, surveillez l'apparition de petites taches blanches.

Lorsqu'elles se présentent, lavez l'écorce avec de l'eau et du savon ou avec un jet d'eau tout en évitant de blesser l'écorce pendant l'opération.

Ce lavage peut fonctionner sur un hêtre non infecté par les champignons et éloigné des autres hêtres. Le cas échéant, l’opération a peu de chance de fonctionner. 

 

Abattage préventif

Les hêtres sont présents dans de nombreux parcs urbains, surtout ceux ayant des milieux forestiers, et la maladie les rend à risque de se rompre à tout moment. L’abattage préventif des arbres infectés et symptomatiques peut devenir nécessaire. 

La coupe des hêtres infectés est difficile et dangereuse. Il est préférable de consulter un arboriculteur local. 

 

Remplacement des arbres

Les hêtres ont très peu de résistance à la maladie corticale. Il est préférable de les remplacer par une autre espèce, du moins jusqu'à ce que des variétés résistantes soient disponibles en pépinière. 

 


Effets sur la faune

La maladie corticale du hêtre a des effets positifs et négatifs sur la faune. En dégradant et tuant des hêtres, elle génère des habitats intéressants pour le grand pic et une source de nourriture abondante pour les décomposeurs. Toutefois, de nombreux animaux sont perdants, ceux qui se nourrissent des fruits du hêtre (faînes) et plus particulièrement l'ours. En fait, la taille des populations d'ours et leur capacité de reproduction sont directement liées à l'abondance de faînes. 

Saviez-vous qu'une érablière moyenne contenant des hêtres peut produire 103 kg de faînes par hectare annuellement?  

 

 

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