Déplacements en forêt : assurer sa sécurité à l’extérieur des routes balisées
Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail
Que ce soit parce que le métier l’exige ou parce qu’il n’existe aucune route carrossable pour se rendre au site de travail, les déplacements à pied ou en véhicule tout-terrain sont chose quotidienne dans le secteur forestier. Ces moyens de locomotion augmentent toutefois la vulnérabilité des travailleuses et travailleurs à divers risques en forêt. Il est alors nécessaire de mettre en place les mesures de prévention adaptées.
Conditions météorologiques difficiles, terrain accidenté, présence d’animaux sauvages et insectes, bris mécaniques, etc. : les risques lors des déplacements en forêt sont multiples et doivent être pris en compte dans la démarche de prévention. Voici donc quelques bonnes pratiques à adopter pour mettre la sécurité au cœur de vos déplacements hors des routes balisées.
Cet article est une suite du texte intitulé Bien planifier les déplacements pour limiter le risque d’accident, disponible dans l’édition hiver 2025.
Bien se protéger
En toute saison, de nombreux travailleurs forestiers, notamment les marteleurs, les équipes d’inventaires ou les contremaîtres, ont à se déplacer à pied en forêt. Si le port du casque de sécurité et des bottes de protection est obligatoire en tout temps, les travailleuses et travailleurs pourraient aussi, en fonction des déplacements et des tâches à réaliser, devoir porter :
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une protection oculaire;
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des gants de protection;
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une protection auditive;
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des vêtements de protection, comme un pantalon de sécurité avec protection contre les coups de scie à chaîne;
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un vêtement de sécurité à haute visibilité de classe 2 durant le temps de chasse.
Organiser les soins et les premiers secours
En dépit des mesures de prévention mises en place, dont le port des équipements de protection adéquats, les déplacements en forêt peuvent mener à divers types d’accidents ou d’incidents : entorse, réaction allergique, coupure, chute, fracture, etc. Il est donc essentiel pour chaque milieu de travail d’organiser les premiers secours et premiers soins en forêt et de respecter le Règlement sur les normes minimales de premiers secours et de premiers soins.
Le Règlement prévoit des ratios à respecter lors de travaux d’aménagement forestier selon le nombre de travailleurs :
5 travailleurs ou moins • 1 secouriste
Entre 6 et 10 travailleurs • 2 secouristes
À partir de 11 travailleurs • Ajouter un secouriste pour chaque groupe de 5 travailleurs
Vous êtes seul
Même si les actions d’un ou d’une secouriste sont normalement axées sur l’intervention auprès d’une personne blessée, tout travailleur se déplaçant seul en forêt devrait avoir reçu le cours de secourisme en milieu de travail. Vos connaissances vous permettront de faire une meilleure évaluation de la situation et des actions à poser en cas de blessure.
Le saviez-vous?
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) offre une aide financière pour la formation de secourisme en milieu de travail. Pour les entreprises du secteur de l’aménagement forestier, ce sont 20 % des travailleuses et travailleurs d’une entreprise pour lesquels le coût de la formation est assumé par la CNESST.
Obligations de l’employeur
C’est l’employeur qui est responsable d’organiser les premiers secours et les premiers soins dans chaque lieu de travail, conformément au Règlement. Il doit s’assurer, entre autres :
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qu’un protocole d’évacuation et de transport des blessés, y compris un point de rencontre, est établi et connu de tous les travailleurs;
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que les secouristes sont en nombre suffisant et qu’ils sont connus des travailleurs;
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que chaque travailleur a sur lui, en tout temps, un pansement compressif pour réduire le risque d’hémorragie en cas de blessure grave;
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que les trousses de premiers secours complètes sont mises à la disposition des travailleurs à proximité des lieux de travail et que ces derniers savent où elles se trouvent;
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que les trousses contiennent de l’épinéphrine contre les allergies aux piqûres d’insectes (choc anaphylactique) et que les secouristes ont reçu la formation adéquate pour utiliser ces produits.
La règle des 30 minutes
Malgré la présente d’un ou d’une secouriste, certaines situations peuvent nécessiter une évacuation. Le temps peut alors devenir un enjeu, surtout en forêt. C’est pourquoi tout travailleur affecté à des travaux d’aménagement forestier ne devrait pas avoir à marcher plus de 30 minutes (environ un kilomètre) dans des conditions normales pour atteindre son lieu de travail.
On doit calculer le temps de marche à partir de l’endroit où un véhicule de premiers soins routier peut se rendre sur la voie carrossable.
Véhicules hors route
L’utilisation de la voie carrossable devrait idéalement être limitée aux véhicules routiers, étant donné la faible protection assurée par les véhicules hors route (VHR).
Les VHR comme la motoneige, le véhicule tout-terrain, l’autoquad biplace (side by side vehicule) ou celui à six ou huit roues motrices de type Argo sont néanmoins fréquemment utilisés dans l’industrie forestière et appréciés pour leur polyvalence. Vous trouverez plus loin quelques éléments à prendre en compte pour s’assurer que les travailleuses et travailleurs les utilisent de manière sécuritaire.
Avant tout, notons que l’employeur a l’obligation de s’assurer qu’un programme d’entretien préventif des VHR s’appuyant sur les recommandations du fabricant est mis en place.
Voici ensuite quelques exemples de règles générales concernant l’utilisation d’un VHR.
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Les déplacements en VHR devraient se faire hors des chemins où circulent des véhicules routiers.
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Le trajet emprunté par les travailleurs se déplaçant en VHR, de même que l’heure estimée de leur retour, doit être connu de l’employeur. La planification du trajet doit tenir compte des risques qui pourraient se présenter pendant le déplacement et prévoir un protocole d’évacuation d’urgence.
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Les déplacements à deux équipes devraient être planifiés et privilégiés dans le même secteur de travail, de manière à éviter l’isolement de travailleurs en cas de bris du VHR.
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Le VHR doit être muni d’une trousse de premiers secours et d’un extincteur portatif de 1 kg.
Obligation de formation
L’employeur doit s’assurer que tout utilisateur de VHR a reçu une formation sur la conduite sécuritaire du type de véhicule dont il fait usage. La formation doit porter sur les instructions contenues dans le manuel du fabricant et devrait au minimum inclure des éléments tels que l’inspection avant le départ, les commandes du véhicule, les techniques de conduite et de franchissement des obstacles, les notions de mécanique de base, de même qu’une partie pratique.
Savoir réagir en présence d’un ours noir
Seul de son espèce à habiter les forêts du Québec, la population d’ours noirs avoisinerait les 70 000 à 75 000 en province. Il demeure de nature craintive et a tendance à fuir s’il entend des bruits et détecte votre odeur, mais il peut se montrer agressif, voire dangereux dans certaines circonstances. Heureusement, ce type de comportement demeure très rare et le port d’un dispositif sonore, tel que des clochettes, réduit le risque de se trouver face à face avec l’animal. Nous vous proposons néanmoins un rappel des bonnes pratiques si vous deviez croiser sa route. Si une rencontre survient, il faut entre autres :
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rester calme, ne pas faire de mouvements brusques et éviter de regarder l’ours dans les yeux;
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reculer doucement vers un abri sûr, faire un détour pour contourner l’animal ou lui laisser un corridor de fuite;
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si l’ours s’approche, continuer à reculer lentement pour repérer un endroit sécuritaire, puis agiter les bras ou jeter des objets pour le distraire;
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si l’ours attaque, se défendre avec tout ce qui tombe sous la main : roches, bâton, rame, hache, etc., et hausser la voix, crier, gesticuler et se montrer le plus imposant possible;
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en toute circonstance, ne pas faire le mort avec l’ours noir.
En savoir plus
Différents documents sont disponibles sur le site Web de la CNESST (www.cnesst.gouv.qc.ca) afin d’en savoir plus sur ces risques et les moyens de les prévenir.
Découvrez nos guides et protocoles en lien avec l’article :
Guide Déplacements en forêt : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/sites/default/files/publications/deplacements-en-foret.pdf
Guide Santé en forêt – Prévention des principaux dangers en forêt : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/organisation/documentation/formulaires-publications/prevention-principaux-dangers-en-foret
Protocole d’évacuation et de transport des blessés en forêt : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr/organisation/documentation/formulaires-publications/protocole-devacuation-transport-blesses-en-foret