Articles printemps 2025

 

Le longicorne brun de l’épinette détecté au Québec

Évelyne Barrette, Biol., Ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, Pierre-Marc Deschênes, Agence canadienne d’inspection des aliments, Véronique Maltais, Ressources naturelles Canada, Véronique Martel, Ressources naturelles Canada et Olivier Morin, biol., Agence canadienne d’inspection des aliments.

 

Le longicorne brun de l’épinette a été confirmé pour la première fois au Québec à l’été 2024. Il représente une menace directe pour les forêts nord-américaines ainsi que pour le commerce des produits forestiers du Canada. Indigène en Europe, ce ravageur exotique affecte les épinettes et il est réglementé au Canada comme étant un organisme justifiable de quarantaine.

Biologie de l’insecte

Le longicorne brun de l’épinette (Tetropium fuscum) est un petit coléoptère dont l’apparence rappelle celle de certaines espèces indigènes du Québec (Figure 1). Les adultes mesurent entre 10 et 15 mm (1/2 po) de long. Ils ont la tête et le thorax foncés et le ventre brun. Les larves matures sont blanchâtres et mesurent 25 mm (1 po) de long (Figure 2). Ces dernières causent des dommages aux épinettes (Picea sp.) en se nourrissant sous l’écorce, principalement dans la partie inférieure du tronc. En creusant des tunnels, elles entravent la circulation de la sève. Ces tunnels sont remplis d’excréments ressemblant à de la sciure de bois (Figure 3). Les arbres infestés produisent une quantité excessive de résine, qui s’écoule le long du tronc par de nombreuses plaies causées par l’activité des larves (Figure 4). À un stade avancé d’infestation, les aiguilles jaunissent et l’arbre dépérit (Figure 5). 

 

 

 

Au printemps, les adultes émergent et recherchent un partenaire pour s’accoupler. Pendant l’été, les femelles fécondées pondent leurs œufs dans l’écorce des épinettes. Les œufs éclosent en moins de deux semaines, et les larves commencent à s’alimenter. Les larves matures hivernent habituellement sous l’écorce ou plus profondément dans l’aubier. Au printemps suivant, elles se transforment en adultes, qui émergent de l’arbre en laissant derrière des trous de sortie ovales ou circulaires de 4 à 6 mm de diamètre visibles sur l’écorce (image d’en-tête).

 

 

Historique, enquête et situation actuelle

Le longicorne brun de l’épinette est originaire d’Europe, où il est présent de la Scandinavie à la Turquie, ainsi qu’au Japon et en Sibérie occidentale. Dans son aire de répartition d’origine, il s’attaque principalement aux pins, épinettes, sapins et mélèzes morts ou dépérissants. En Amérique du Nord, il a été observé uniquement sur des épinettes et a causé la mortalité d’arbres paraissant en bonne santé. Les dommages ont été principalement observés sur des épinettes matures.

Sa découverte en Amérique du Nord remonte à 1999, au parc Point Pleasant près de Halifax, en Nouvelle-Écosse (Figure 6). Il est probablement arrivé au Canada dissimulé dans le bois de matériaux d’emballage non-traités importés de l’Europe. Des recherches menées en Nouvelle-Écosse révèlent qu’il préfère s’attaquer aux épinettes matures déjà affaiblies par d’autres facteurs, tels que les dommages causés par le vent ou le gel. Bien qu’il puisse aussi s’attaquer à des arbres en bonne santé, son développement y est généralement plus lent.

 

 

Depuis sa détection en Nouvelle-Écosse, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a implanté un programme de surveillance du longicorne brun de l’épinette dans l’est du pays. Ce programme repose notamment sur l’utilisation de pièges appâtés avec des substances odorantes attirant les longicornes (Figure 7). Au milieu des années 2010, une population de l’insecte a été détectée au Nouveau-Brunswick. Toutefois, grâce aux mesures réglementaires et aux traitements sylvicoles mis en place, son établissement dans cette province semble avoir été évité.

La surveillance du longicorne brun de l’épinette au Québec a commencé en 2009 et est menée par l’ACIA en collaboration avec le ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec (Figure 8). La première interception dans la province date de 2023, quand deux adultes ont été capturés dans des pièges situés dans la MRC de Beauce-Sartigan. À l’été 2024, la surveillance a été intensifiée dans ce secteur et six adultes supplémentaires ont été piégés, signalant qu’une population de longicorne brun de l’épinette se serait implantée dans le secteur. Des inspections visuelles ont également été menées pour repérer un foyer d’infestation, mais jusqu’ici aucun spécimen n’a pu être récolté directement dans des épinettes au Québec. Cela suggère que la population en Beauce serait établie depuis peu et que l’insecte n’y serait pas encore abondant.

 

Moyens de lutte et réglementation

L’ACIA implémente des mesures réglementaires pour le longicorne brun de l’épinette depuis sa première détection au Canada. Le Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada a mené plusieurs projets de recherche sur cet insecte. Ces travaux ont permis d’approfondir la compréhension de sa biologie et d’optimiser les méthodes de détection. Les connaissances acquises ont mené au développement de bonnes pratiques afin d’atténuer les impacts de cet insecte et de limiter sa propagation.

Une fois l’insecte détecté dans un secteur, la méthode de contrôle la plus efficace consiste à abattre les épinettes infestées, puis à détruire ou transformer rapidement les arbres récoltés. 

En effet, les larves peuvent survivre dans le bois et compléter leur développement même une fois l’arbre abattu. Les traitements du bois recommandés après la coupe incluent le traitement à la chaleur, le déchiquetage, l’enfouissement et l’incinération. Lorsque des billots, du bois de chauffage ou d’autres produits bruts d’épinettes infestées sont transportés dans le cadre d’activités humaines, les larves déplacées peuvent attaquer d’autres épinettes dans un nouveau secteur. Il est donc crucial d’appliquer des mesures de gestion rigoureuses dans les zones infestées.

C’est pourquoi, à la suite des récentes détections en Beauce, l’ACIA a émis des avis réglementaires aux propriétaires de terrains situés à proximité des pièges positifs. Ces propriétaires doivent obtenir une autorisation écrite de l’ACIA avant de déplacer tout matériel d’épinette ou de bois de chauffage et sont tenus d’adopter des mesures d’atténuation afin de limiter la propagation de l’insecte. 

 

 

Prochaines étapes

La surveillance du longicorne brun de l’épinette se poursuivra en 2025 au Québec, en mettant l’emphase sur le secteur infesté en Beauce. En plus du piégeage, des inspections visuelles seront menées afin d’identifier les épinettes présentant des signes et des symptômes typiques d’infestation. La détection hâtive d’un foyer d’infestation permettra d’orienter rapidement les traitements sylvicoles et les mesures de contrôle réglementaire.

Si vous observez des épinettes présentant des signes et symptômes s’apparentant au longicorne brun de l’épinette, il est important de signaler votre observation en ligne ou auprès de votre bureau local de l’ACIA. Notez l’emplacement et prenez des photos afin de faciliter le suivi. Si des spécimens sont collectés, conservez-les dans un contenant hermétique au congélateur pour une identification officielle par l’ACIA.

 


En savoir plus

Communiquer avec les bureaux régionaux de l’ACIA

  • Baie-Comeau : 418-296-3171

  • Montréal : 514-283-8888

  • Québec : 418-648-7373

  • Saint-Hyacinthe : 450-768-1500

Signaler un phytoparasite : 
https://inspection.canada.ca/fr/protection-vegetaux/especes-envahissantes/arreter-propagation

S’informer sur le longicorne brun de l’épinette : 
https://inspection.canada.ca/fr/protection-vegetaux/especes-envahissantes/insectes/longicorne-brun-lepinette
https://ressources-naturelles.canada.ca/nos-ressources-naturelles/forets/insectes-perturbations/principaux-insectes-et-maladies-des-forets-au-canada/longicorne-brun-de-lepinette/13374

 

 

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