Bien que le transport du bois soit l’étape qui vient clore un chantier de récolte, il est crucial de la prévoir avant même de débarder le premier billot afin d’éviter les surprises. La notion à retenir pour déterminer l’emplacement de l’aire d’empilement du bois est l’ACCESSIBILITÉ. L’accessibilité peut se résumer en trois points; le chemin d’accès, la place de pile et la façon d’empiler.
Le chemin d’accès
Les machines qui récoltent le bois peuvent circuler dans toutes sortes de conditions. Qu’il neige ou qu’il pleuve, peu importe puisque ce sont des machines robustes, qui traînent une masse modérément élevée de bois. Les camions qui transportent le bois sont conçus pour se déplacer sur l’asphalte et transporter jusqu’à 35 tonnes de bois par chargement. C’est pourquoi ils ont besoin d’un chemin solide pour accéder au bois. Il doit à la fois être solide et large, car ces camions tirent des remorques dont la longueur peut jouer entre 45 et 53 pieds. Additionné au camion, on se retrouve avec un engin pouvant mesurer jusqu’à 82 pieds. C’est pourquoi le chemin doit être le plus droit possible et avoir des courbes peu prononcées. Autrement, il sera difficile d’accéder au bois sans apporter des modifications au tracé du chemin.
Vous avez un chemin sur votre lot? C’est un bel atout! Est-il toutefois adéquat pour la circulation des camions? Voici quelques éléments à vérifier :
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Largeur de l’entrée : environ 40 pieds;
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Surface de roulement : minimum 12 pieds (3,7 m);
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Virée au bout : 100 pieds (30 m) de profond.
Votre chemin répond à tous ces critères? Génial! Les camions pourront y circuler librement. Vous aurez alors un plus grand choix de positionnement de votre aire d’empilement. Si à l’inverse, les camions ne peuvent utiliser le chemin pour se rendre au bout de votre terre, il faut alors rapprocher le bois le plus possible. Au lieu d’entrer d’avant sur votre lot, les camions devront entrer en reculant. C’est chose commune, puisque les gens sont rarement intéressés à investir des milliers de dollars pour bâtir un chemin uniquement pour le transport du bois. C’est un investissement qui peut toutefois en valoir la peine, dépendamment de vos objectifs et de la taille de votre lot. Ceci dit, il faut comprendre que les distances parcourues à reculons doivent être minimisées par souci de sécurité et d’efficacité. Dans une telle situation, plus la distance sera courte et facile à parcourir, plus le camionneur sera content et l’opération, rapide!
Le chemin d’accès est l’élément le plus important à considérer pour l’accessibilité. Dans le doute, il est toujours bon d’aller voir sur le terrain directement avec le transporteur. Il est le mieux placé pour vous confirmer si oui ou non votre chemin est praticable.
Aire d’empilement
Le choix de l’aire d’empilement ou « place de pile » est tout aussi important. C’est l’endroit où tous les billots seront disposés. Dépendamment de l’ampleur du chantier et du nombre d’essences d’arbre que vous pensez récolter, la place de pile devra être plus ou moins grande. Il sera important de vérifier auprès de votre municipalité si des règlements sont applicables. Il se peut que vous deviez conserver une distance minimum d’un cours d’eau, d’une ligne de lot, d’un chemin public, etc. Vous pouvez également vous référez à votre conseiller forestier sur le sujet. Aussi, PRENDRE GARDE AUX FILS ÉLECTRIQUES en toutes circonstances. Le bois doit être placé sous les fils en dernier recours uniquement.
L’aire d’empilement doit être particulièrement solide, car c’est là qu’il y aura le plus de va-etvient. Autant de la part des camions que de la machine qui débarde le bois. Si le secteur s’avère mou et humide, il se peut que vous soyez contraint à camionner le bois uniquement par temps sec pour réduire les dégâts causés au chemin. Dans un monde idéal, le chemin est plus large à la hauteur de l’aire d’empilement pour laisser suffisamment de place à la chargeuse pour manoeuvrer.
C’est d’autant plus nécessaire lorsqu’on utilise les services d’une chargeuse externe, c’est-à-dire un camion individuel muni d’une chargeuse qui charge les autres camions. On est alors en présence de deux camions de large sur le même chemin. Par opposition au camion autochargeur, dont la chargeuse est directement sur la remorque et se charge de manière autonome, mais est contraint de mettre une quantité moins grande de bois, dû à sa chargeuse. Chaque modèle a ses avantages.
Méthode d’empilement
Une méthode d’empilement exemplaire rendra le chargement du bois beaucoup plus rapide et efficace. Pour ce faire, il faut séparer les piles de bois par essence et par longueur de manière perpendiculaire au chemin. En période hivernale, on recommande de mettre des « longerons » sous les piles afin d’éviter que les billots ne gèlent au sol. C’est une méthode que l’on peut utiliser à l’année longue, puisqu’on évite ainsi de ramasser de la terre et des saletés. C’est une attention particulière que les camionneurs sauront apprécier. Une autre petite attention serait d’indiquer le produit devant chaque pile à l’aide d’une canette de peinture. Par exemple, d’écrire « SE 16 » sur la pile de Sapin-épinette tronçonnée à 16 pieds. Cela permet d’éviter certaines erreurs, car il n’est pas rare que les camionneurs aillent charger à la noirceur très tôt le matin.
Comme lorsque l’on empile du bois de chauffage, il est important de le faire le plus droit possible. Non par peur que la pile se renverse, mais bien pour faciliter le chargement des camions. Ils seront ainsi en mesure de maximiser leur déplacement.
Choix du transporteur
Peu importe où vous vous trouvez au Québec, nombreux sont les transporteurs de bois. Pour connaître ceux près de chez vous, vous pouvez contacter votre syndicat local qui sera en mesure de vous fournir la liste des transporteurs accrédités sur votre territoire. Vous pouvez aussi bien vous renseigner auprès d’un conseiller forestier de votre région. Vous pourrez ensuite en contacter quelques-uns qui pourront vous faire un estimé des coûts de transport.
Combien ça coûte?
Si vous avez du bois de pâte à transporter, nul besoin de faire soumissionner des transporteurs, car la mise en marché du bois de pâte est régie de manière collective par les différents syndicats régionaux qui négocient des ententes directement avec les usines. C’est-à-dire que les taux de transport sont fixes, peu importe qui camionne le bois. Il en est de même pour le prix payé au propriétaire. Ce dernier est également fixe selon la durée du contrat entre le syndicat et l’usine.
Pour ce qui est du bois de sciage ou déroulage, le taux de transport peut être négocié entre le producteur et le transporteur. Il sera influencé par le volume à transporter et la proximité avec l’usine chez qui on veut aller livrer le bois.
En résumé
Le transport est la dernière étape d’un chantier. C’est à ce moment que tous les efforts portent fruits. L’organisation et l’accessibilité vous garantiront le succès d’un chantier bien réussi! Dans le doute, n’hésitez surtout pas à contacter votre syndicat ou votre conseiller forestier qui se feront un plaisir de vous accompagner dans toutes les étapes de votre chantier.