Une statistique qui met en évidence les dangers en forêt : au Québec, sur les 13 dernières années, 131 personnes ont perdu la vie lors de travaux forestiers sur des terres forestières. L’âge moyen de ces victimes était de 62 ans. D’après le rapport du coroner, la plupart des accidents ont été causés par une mauvaise technique d’abattage et un manque de formation. La prudence est donc de mise lors de travaux d’abattage manuel.
Il faut savoir qu’abattre un arbre comporte plusieurs dangers. On peut citer la chute imprévue de l’arbre ou de ses branches, les risques de chaises de barbier causés par un arbre incliné (chute débutant avant que le trait d’abattage ne soit terminé), la déviation de l’arbre qui tombe, le recul de l’arbre, les blessures potentielles causées par la scie mécanique, les accidents liés à un sol irrégulier, etc.
Il est possible de facilement mettre en pratique certaines mesures pour minimiser ces risques.
Porter le bon équipement de protection
Le port d’équipement de protection individuel (ÉPI) peut considérablement réduire le risque de blessures physiques. Voici ce qu’un travailleur doit porter ou avoir sur lui :
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Un casque forestier muni d’une coquille antibruit et d’une visière, qui doit être valide et flexible, approuvé par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et, de préférence, posséder six bandes intérieures ;
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Des manches longues, des gants antidérapants ou des gants en cuir;
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Un pantalon résistant aux coupures, conforme aux normes de sécurité NF EN 381-5 ou ASTM F3325, catégorie A, C ou D;
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Des bottes de sécurité anti-coupures répondant aux normes de sécurité CAN/CSAZ195-02 ou NF EN ISO 17249, de préférence de classe 2 ou 3;
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Un pansement compressif et un extincteur en poudre sont obligatoires en tout temps lors de travaux d’aménagement.
LE SAVIEZ-VOUS ?
La chaîne de votre scie mécanique peut atteindre une vitesse de 90 km/h?
Par conséquent, le port d’équipements de protection peut considérablement réduire le risque de blessures physiques.
De bonnes habitudes peuvent sauver des vies
Ne travaillez pas seul, à moins qu’un programme de surveillance n’ait été établi. Informez quelqu’un de votre entourage du secteur où vous travaillez. Désignez des heures pour vous reporter auprès de lui, au moins une fois par demi-journée de travail ainsi qu’en fin de journée.
Vous ressentez de la fatigue, ne prolongez pas vos journées. Reportez les travaux prévus.
Rangez sécuritairement votre scie à chaîne et les autres outils utilisés à la fin de la journée d’abattage. Ainsi, vous éviterez que quelqu’un ne se blesse en trébuchant sur ceux-ci, incluant vous-même.
Quels sont les risques liés directement à l’abattage?
En 2022, une étude européenne sur les accidents forestiers a été menée sur l’abattage d’arbres, révélant plusieurs constatations intéressantes :
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Sur les 2 500 abattages examinés en forêt, 7,4 % des arbres ont projeté des branches de grande dimension vers l’arrière;
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Dans 20 % des cas, certaines branches se sont cassées et sont restées suspendues dans les airs au-dessus de la zone d’ébranchage et de façonnage, ce qui représente un arbre sur cinq;
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Plus on s’éloigne sur les côtés du tronc, moins on court le risque d’être frappé par une branche qui tombe ou qui est projetée en arrière.
D’après l’étude, la distance idéale à maintenir avec un arbre qui tombe est de 9 mètres (29 pieds). Si l’on se trouve à moins de 3 mètres (10 pieds) de l’arbre, les probabilités d’être heurté par une branche augmentent considérablement, soit environ 60 fois plus que si l’on se tient à 9 mètres de distance.
La chute de branches
D’après les observations réalisées dans l’étude européenne, la chute de branches dans le demi-cercle de la zone de repli (Figure 2) nous permet de faire certaines constatations :
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En supposant qu’à plus de 9 m la probabilité de chute debranche est de 1;
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Dans la zone de 6 m à moins de 9 m (20 à 30 pieds), laprobabilité est 3,8 fois plus élevée;
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Entre 3 à 6 mètres (10 à 20 pieds), la probabilité est 21,1fois plus élevée;
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Puis, à moins de 3 m (10 pieds), la probabilité est de 61,7 foisplus élevée.
Aussi, lorsqu’il y a plus d’un bûcheron sur le terrain, la zone d’abattage doit s’étendre sur un rayon équivalant à la longueur de l’arbre, et elle doit être d’au moins 22,5 mètres afin que les bûcherons puissent maintenir une distance minimale réglementaire de sécurité de 45 mètres entre eux.
Évitez le pire avec de bonnes techniques sécuritaires d’abattage
Que vous soyez un producteur forestier, agricole ou acéricole, ou un propriétaire qui autorise un membre de la famille ou un ami à travailler dans son bois avec une scie à chaîne, il est possible que ce travailleur ne maîtrise pas les techniques sécuritaires appropriées pour l’utilisation d’une scie à chaîne. Dans ce cas, elle s’expose à un danger important d’accident du travail. L’Association des propriétaires de boisés de la Beauce offre des formations sur l’abattage à un prix très avantageux. Pour une première année, les propriétaires forestiers qui possèdent un lot boisé dans le territoire couvert par les Agences de mise en valeur des forêts privées de la Chaudière, des Appalaches ou de l’Estrie peuvent bénéficier d’une réduction de 50 % sur les frais d’inscription à la formation en abattage CNESST. Cette réduction est possible grâce à la contribution financière de ces agences. Il est donc important de se renseigner sur les formations offertes pour assurer sa propre sécurité ainsi que celle de ses proches en forêt.
Conclusion
Pour réduire les risques d’accident en forêt, il faut faire preuve de prudence et porter les équipements de protection individuelle. L’analyse et l’observation de l’arbre sont indispensables pour détecter les branches mortes, les fentes ainsi que les différents défauts pouvant nuire à l’abattage.
L’application des bonnes techniques d’abattage, comme celles enseignées lors de la formation CNESST (perçage, 2/3- 1/3, etc.), permet de faire tomber l’arbre dans la direction souhaitée tout en conservant le contrôle.
En reculant de dix pieds ou plus dans sa voie de retraite pendant la chute de l’arbre, on réduit les risques de se faire heurter par une ou plusieurs branches.
Même si l’arbre est au sol, il faut rester vigilant et continuer d’observer, car des branches peuvent encore se détacher lors de l’ébranchage, ce qui peut menacer votre sécurité.
Faites preuve de prudence et bons travaux d’abattage!
Pour en savoir plus
Visitez le portail de formation de l’APBB : formation.apbb.ca ou communiquez avec Chantal Gagné : chantal.gagne@apbb.qc.ca - 418 228-5110 - 1 800 366-5110, poste 119