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De la forêt au papier : Un héritage de plus de
175 ans pour Domtar

Andréanne Duchemin, Conseillère aux relations avec les employés, Domtar et Providence Cloutier, Directrice affaires publiques et relations avec la communauté – Est du Canada, Domtar

Moulin Watopeka en 1933

 

Depuis des siècles, les vastes forêts du Québec ont constitué le coeur même de son identité, façonnant son paysage, sa culture et son économie. Au sein de cette toile boisée, une entreprise a émergé comme une figure emblématique de la gestion forestière responsable et de la production de papier de qualité : Domtar. Propriétaire de 160 000 hectares de forêts privées situées en Estrie et en Beauce, Domtar a non seulement prospéré en tant que leader de l’industrie papetière, mais a également incarné un engagement profond envers la préservation et la durabilité de cet héritage forestier.

Les racines de Domtar : une histoire de vision, d’innovation et de réinvention

Les racines de Domtar remontent au 19e siècle, en 1848, en Angleterre. C’est à cette époque que Henry Potter Burt crée Burt, Boulton Holdings Ltd. Spécialisée dans le traitement du bois d’œuvre contre la pourriture, son entreprise connaît un essor remarquable alors que la demande en traverses de chemin de fer et en pieux de quai pour l’industrie portuaire augmente considérablement en Europe et en Amérique du Nord.

Tandis que son entreprise se développe, Henry Potter Burt déménage au Canada et fonde la Dominion Tar and Chemical Company en 1903. L’entreprise prend son essor parallèlement à l’industrialisation du Canada et se diversifie au fil des ans, en fabriquant notamment des produits chimiques, des produits de consommation, des matériaux de construction ainsi que du papier et des produits d’emballage. Au cours des années, elle fait l’acquisition d’autres installations et entreprises en Amérique du Nord, dont certaines font partie intégrante de Domtar aujourd’hui, comme l’usine de pâtes et papiers Domtar de Windsor.

 

Origines de l’usine de Windsor

Les débuts de l’industrie papetière à Windsor en Estrie remontent à 1864, alors que William Angus et Thomas Logan s’installent à Windsor à la jonction des rivières Watopeka et Saint-François afin de construire la première usine canadienne de pâte à base de bois utilisant le procédé chimique à la soude. Ils confient la construction de l’usine à John Thompson, un pionnier de la pâte chimique. En 1865, la pâte est acheminée vers l’usine de papier Angus, Logan & Co. de Sherbrooke. On utilisait alors principalement le tilleul et le peuplier pour la fabrication. En 1867, Angus, Logan & Co. installe deux machines à papier de 62 et 72 pouces à Windsor au moulin Watopeka. La production débute en juin 1867. Les machines à papier fonctionnaient au rythme de 40 à 120 pieds à la minute pour une production journalière moyenne de 2 à 3 tonnes. On fabrique alors du papier à enveloppe, du papier à livre, du papier journal et du papier d’emballage.

En 1873, Angus, Logan & Co. devient la Canada Paper Company. À travers son histoire, l’entreprise investit et grandit. En 1898, le nouveau moulin St-François à pulpe mécanique débute sa production avec une capacité de 20 tonnes par jour de papier journal. La compagnie consomme à l’époque 40 000 cordes de bois par année.

En 1909, le moulin Watopeka est converti du procédé à la soude au procédé Kraft.

En 1924, la Canada Paper construit une manufacture de sacs (appelée le Bag Mill). Cinq ans plus tard, la Canada Paper passe aux mains de la Howard Smith Paper Mills Ldt. En 1942, la Canada Paper emploie environ 700 personnes dans ses deux moulins et sa manufacture de sacs.  

En avril 1953, les membres des Fermes forestières des Cantons-de-l’Est choisissent de reconnaître les forêts de la Canada Paper près de Windsor comme étant la première ferme forestière en existence de l’est du Canada. Ce titre a été décerné pour avoir réussi à établir « un équilibre parfait entre la croissance et la récolte annuelle » dans ses 34 000 acres de forêt.

Quelques années plus tard, entre 1956 et 1960, à la suite d’une collaboration entre l’Association forestière des Cantons-de-l’Est et la Canada Paper, la première forêt-école d’une superficie de 22 acres s’établit à Windsor sur les terres de la compagnie. 

Le plan d’aménagement forestier de Domtar en 1960, pour le secteur Watopeka, mentionne que les meilleurs bûcherons sont les fermiers qui à l’automne deviennent disponibles et qui vont travailler pour l’hiver au camp forestier de la rivière Watopeka (aujourd’hui le camp du km 6 du club McCarthy). Près de 100 hommes y passent l’hiver à couper. La drave a cessé sur la rivière Watopeka en 1930. Au même moment, dans l’unité d’aménagement Chaudière, située en Beauce, les travailleurs occupent les camps du secteur Dorset bâtis plusieurs années auparavant par la famille Breakey, barons du bois pour la rivière Chaudière. En 1960, la plus grande préoccupation au niveau des opérations forestières est de savoir s’il y aura un manque de chevaux pour débarder le bois. 

En 1961, Dominion Tar & Chemical acquiert les actions de Howard Smith Paper Mills.   

En 1963, l’entreprise met en place la division forestière qui est responsable des interventions forestières sur ses terrains privés et sur les concessions forestières du gouvernement. Cette division gère la récolte et l’achat de bois dans plusieurs régions.    

 

 

En 1965, la Dominion Tar & Compagny devient Domtar. La même année, on construit une nouvelle cour à bois équipée de trois écorceurs rotatifs ainsi qu’un nouveau blanchiment. La production est graduellement orientée vers les papiers fins.   

Le début des années 80 est difficile pour l’usine de Windsor. Le 9 décembre 1983, Roger Ashby, alors président de la division pâtes et papiers, présente au conseil d’administration de Domtar un projet majeur : la construction d’une usine ultra moderne intégrant toutes les étapes de fabrication du papier et nécessitant un investissement de 1,2 milliard de dollars. 

Le 7 juin 1985, le début des travaux de construction du nouveau complexe est inauguré en présence de plusieurs dignitaires. 

 

 

Quelque 1 500 personnes ont travaillé à la construction de ce grand projet. Environ 500 sous-traitants, dont plusieurs de la région, ont été mis à contribution. Lors d’une entrevue accordée dans le cadre d’un cahier spécial soulignant les 25 ans du nouveau complexe paru dans la Tribune en septembre 2012, Roger Ashby se souvient : « C’était important pour nous de maximiser les retombées pour Windsor et l’Estrie et aussi de créer une expertise en région. » Encore aujourd’hui, plusieurs de ces entreprises spécialisées collaborent avec l’usine de Domtar lors d’entretiens ou de travaux particuliers.  

« Autre point majeur : l’approvisionnement en fibres. La nouvelle usine avait une capacité de 4 à 5 fois plus importante que la vieille usine, nous avons donc négocié des ententes de 10 ans avec des producteurs forestiers de la région, en plus d’acquérir de nouvelles propriétés forestières » se rappelle M. Ashby.  

L’usine Domtar de Windsor a été dotée de plusieurs équipements inédits jusque-là; pensons à l’immense entrepôt entièrement automatisé. « C’était nouveau pour l’industrie, mais pas dans le monde. Oui, nous voulions ce qui se faisait de mieux, mais il s’agissait toujours de technologies éprouvées. Nous avons d’ailleurs visité plusieurs usines avant d’élaborer le concept final », souligne M. Ashby.

Le 8 octobre 1987 à 6 h 10 du matin, la première feuille de papier a été produite sur la machine à papier n7, un évènement marquant des générations et des générations pour les années futures. Depuis ce temps, l’entreprise investit afin de maintenir ses équipements à la fine pointe de la technologie et poursuit ses efforts pour continuellement réduire son empreinte environnementale. 

 

La responsabilité environnementale au cœur de la stratégie

L’évolution technologique ne se vit pas seulement au niveau de l’usine, mais également en forêt. 

Le travail en forêt a bien évolué depuis 50 ans. Plusieurs centaines de bûcherons saisonniers, vivant dans des camps et opérant des chantiers durant l’hiver, ont été remplacés par des travailleurs forestiers professionnels qui font la récolte du bois à l’année. La scie à chaîne a fait place à l’abatteuse-groupeuse et à l’abatteuse multifonctionnelle. Ces équipements ont contribué à la mécanisation des opérations forestières. De nos jours, les travailleurs forestiers opèrent des équipements adaptés à tous les traitements de récolte, de la récolte par jardinage à la récolte totale. Les chevaux ont cédé leurs places aux débusqueuses et aux débardeuses qui complètent le travail des abatteuses en transportant jusqu’en bordure des chemins les arbres récoltés. Les ébrancheuses et les tronçonneuses façonnent maintenant les bois en bordure des routes de façon à maximiser la valeur des bois. 

Au-delà des équipements, l’évolution se vit aussi dans l’approche de développement durable adoptée. Consciente de sa dépendance envers les ressources forestières, l’entreprise a placé la durabilité au cœur de sa stratégie. Vers les années 80, la mécanisation des opérations s’installe progressivement. La réforme forestière pousse l’industrie forestière à revoir les façons de faire afin d’assurer la protection des rives, des plans d’eau et le maintien du potentiel agricole. Domtar réalise ses premières expériences de récolte par jardinage et participe activement à l’acquisition de connaissances sur les ravages de cerfs de Virginie. Des partenariats avec des entrepreneurs forestiers spécialisés de la région se forment. Des plans d’aménagement de 25 ans, quinquennaux et annuels sont développés. 

Au début des années 90, l’équipe de foresterie de Domtar à Windsor s’intéresse aux arbres à croissance rapide et participe à un programme de recherche sur les plantations de peupliers hybrides qui atteignent, en 15 ans, un diamètre équivalant à un peuplier naturel âgé de 40 à 45 ans. L’usine y voit alors une opportunité de diversifier ses sources d’approvisionnement et de diminuer la pression exercée sur nos forêts naturelles tout en contrôlant la qualité de la fibre. Elle met en place un programme de peupliers hybrides afin de dédier 5 % de ses propriétés en plantation. La première plantation de peupliers hybrides gérée par l’usine de Windsor est réalisée en 1997 à Sainte-Catherine-de-Hatley et a été récoltée en 2014. Au fil du temps, plusieurs recherches ont été réalisées afin d’accroître les connaissances et d’améliorer les méthodes de travail.    

 

 

En 2001, l’usine Domtar de Windsor prend l’engagement d’assurer une gestion durable de ses propriétés forestières privées en certifiant celles-ci à la norme environnementale ISO 14001. Quelques années plus tard, s’ajoutent les certifications forestières Forest Stewardship Council (FSC®) en 2005 et Sustainable Forestry Initiative (SFI®) en 2006. Ces trois certifications ont considérablement modifié les pratiques forestières sur les quelque 160 000 hectares de forêts privées de l’usine Domtar de Windsor. La protection des espèces, la régénération et la biodiversité font désormais partie intégrante de la planification forestière. Cette année, l’usine fête les 20 ans de sa certification FSC!

En plus d’améliorer les pratiques forestières, d’accroître les communications avec les communautés et d’améliorer l’acceptabilité sociale des travaux d’aménagement, la certification a également permis à l’usine de Windsor d’ouvrir de nouveaux marchés pour ses produits certifiés.    

 

Regard vers l’avenir

Au cours des dernières décennies, Domtar a grandi en respectant des normes strictes en matière de gestion forestière, de protection de la biodiversité et de conservation des ressources naturelles et en adaptant ses pratiques forestières pour répondre aux défis contemporains de conservation et de développement durable. L’entreprise poursuit ses investissements dans la recherche et le développement de technologies de pointe pour maximiser l’efficacité de ses opérations tout en minimisant son empreinte environnementale. 

À travers son histoire, Domtar a contribué à la prospérité de plusieurs communautés forestières du Québec et tracé la voie vers un avenir prometteur pour les générations à venir. 

La première version de cet article est parue dans la revue Histoires forestières du Québec du printemps-été 2024.


 

 

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