Un champ nourricier, c’est la création d’un garde-manger à ciel ouvert pour la faune. Il s’agit d’une stratégie
d’aménagement très avantageuse autant pour le propriétaire forestier que pour le chasseur. Voyez, dans cet article, les principes de base pour la création d’un champ nourricier.
Depuis maintenant six ans, j’aménage des champs nourriciers et j’effectue la vente de semences destinées aux champs nourriciers. Je remarque que, depuis quelques années, il y a une forte hausse des aménagements de sites nourriciers en milieu forestier et agricole.
Les principaux buts et avantages du site nourricier
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Créer une attraction ciblée sur une parcelle de terre pour y pratiquer la chasse ;
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Fournir une alimentation soutenue au gibier ;
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Éviter le surbroutage de la régénération en forêt ;
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Réduire le broutage en champ agricole et les pertes financières associées ;
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Diminuer le déplacement des cerfs sur les routes publiques.
Le simple fait d’aménager un champ dans une parcelle isolée à petite superficie créera une concentration de plusieurs espèces qui le visiteront pour s’alimenter. Les perdrix, les dindons, les gais bleus, les lièvres, les porcs-épics, les marmottes et bien sûr le cerf de Virginie y trouveront leur compte.
De plus, en diminuant le surbroutage des arbres, nous aidons à la régénération des forêts. En aménageant un site nourricier sur votre lot boisé par exemple, les cerfs de Virginie iront se nourrir dans le champ plutôt que de brouter les pousses dès la sortie de leurs bourgeons. Ils laisseront ainsi les jeunes pousses grandir.
Les champs nourriciers apportent une alimentation soutenue sur plusieurs mois en raison des plantes que l’on peut y semer. Certaines d’entre elles, dont les brassicacées, les trèfles et les chicorées, peuvent atteindre une teneur en protéines de 35 %. En forêt, un tel taux en nutriments n’est atteint que pendant quelques semaines, et ce, uniquement pendant la période estivale.
Fournir une bonne alimentation aux chevreuils a un impact dès la naissance des faons au printemps. Une femelle en bonne forme physique donnera naissance à un faon plus corpulent. Si elle s’alimente d’une nourriture riche, elle aura une meilleure production de lait pour son petit.
Choisir l’emplacement du champ
Le choix du site n’est pas une étape à négliger. Il est très important de vérifier que votre parcelle de terre répond à certaines exigences minimales. Autrement, même si le territoire désigné semble être l’endroit parfait pour y faire approcher les gibiers, si le sol n’est pas assez riche, votre champ ne pourra pas y voir le jour.
Bien entendu, nous ne prônons pas la déforestation de parcelles pour y aménager des champs nourriciers. Idéalement, nous privilégions des éclaircies en forêt, d’anciens chemins forestiers ou des gardes qui ne sont plus utilisées.
L’ensoleillement au sol
Il est nécessaire que votre site bénéficie de quatre à cinq heures d’ensoleillement par jour pour avoir une croissance adéquate des plantes mises en terre dans votre champ.
L’analyse des sols
La fertilité du sol doit être suffisante pour soutenir la croissance des plantes annuelles et des vivaces qui seront la source de nourriture principale du champ. Il est donc important de ne pas négliger l’analyse du sol afin de connaitre les propriétés de celui-ci.
Comme l’illustre la figure 1, il est important de prélever des échantillons de terre à plusieurs endroits sur le site afin d’avoir des données représentant l’ensemble du territoire aménagé. Vous pouvez d’ailleurs faire ce prélèvement vous-même en récupérant de la terre à une profondeur de six pouces. Sachez toutefois qu’il est important de manipuler la terre avec des gants afin de ne pas fausser l’analyse avec l’acidité de vos doigts. Vous pouvez ensuite remettre votre échantillon à un centre Synagri ou à une quincaillerie agricole où une analyse complète pourra y être réalisée. À la suite des recommandations fournies par l’analyse de sol, il vous sera ensuite possible d’ajouter les nutriments manquants à votre sol, tel que de la chaux agricole pour contrer l’acidité par exemple.
Créer le champ nourricier
L’objectif de la préparation du champ nourricier est de créer un site propice à la croissance de plantes annuelles et de contrôler la végétation concurrente. Le principe de base est donc de mettre le sol à nu afin de s’assurer que les semences seront bien en contact avec la terre.
Pour ce faire, nous procédons d’abord à la coupe des arbres et au retrait des souches s’il y a lieu. Selon le relief du terrain, l’utilisation d’une pelle mécanique peut à cette étape être nécessaire afin de rendre la surface la plus uniforme possible. Ensuite, nous devons éliminer la végétation basse en labourant et en hersant la terre. À cette étape, l’utilisation d’herbicides peut être de mise. Enfin, dès le printemps, nous semons un engrais vert qui agira à titre de culture temporaire dans le but de couvrir le sol et de contrôler les mauvaises herbes. En juillet, nous sèmerons ensuite les plantes annuelles. À ce moment, l’engrais vert sera enfoui dans le sol par le hersage, ce qui augmentera la matière organique et l’activité biologique du sol en nourrissant les microorganismes.
Round-up ou pas?
Depuis maintenant trois ans, je n’utilise aucun pesticide dans l’aménagement de mes champs nourriciers. Ma vision est de réaliser des sites nourriciers les plus biologiques possibles. J’ai su démontrer que les résultats sont tout de même au rendez-vous, et ce, en utilisant des procédés différents tels que la plantation d’engrais vert ou de plantes abris.
L'engrais vert
La plantation d’engrais vert est une méthode écologique qui permet d’éliminer la mauvaise herbe. Il s’agit de contrôler les plantes existantes en passant la herse à de multiples reprises et à plus ou moins deux semaines d’intervalle. Ce procédé se nomme aussi le faux semis.
Les plantes abris
La plantation de plantes abris consiste plutôt à créer un couvre-sol qui aidera à la germination des plantes et des vivaces, tels le trèfle et la chicorée, en conservant l’humidité au sol. Les plantes abris permettront de couvrir les nouveaux semis de plantes vivaces et de les protéger des intempéries. J’utilise d’ailleurs souvent l’avoine, le blé ou les pois dans mes aménagements parce que ces semences sont des plantes abris très attractives pour les cerfs.
Conclusion
Toutes ces pratiques sont bénéfiques pour l’environnement et la nature. C’est dans l’optique de redonner à la nature ce qu’elle nous offre que nous aménageons des champs nourriciers. Nous pouvons également ajouter quelques arbres fruitiers directement sur le site de chasse. Chassons plus vert!
En savoir plus
Pour des produits de semences spécifiques aux chevreuils et pour plus d’informations, consultez ce site Internet : kevinvachonchampsnourrier.com