Apprenez-en plus sur ce ravageur forestier exotique qui cause la défoliation de nombreux arbres un peu partout au Québec et qui risque de progresser avec le changement climatique.
les risques pour les arbres
La spongieuse est un défoliateur, c’est-à-dire qu’à son stade larvaire, elle mange les feuilles pour croître et se développer. La spongieuse est assez vorace. Une seule larve peut consommer jusqu’à un mètre carré de feuille. Comme un secteur peut compter des milliers de larves en période épidémique, les arbres peuvent perdre la totalité de leurs feuilles.
Les spongieuses préfèrent les chênes, les peupliers, les bouleaux blanc et gris, et les tilleuls. Elles ont toutefois été observées sur environ 500 espèces d’arbres, incluant les érables ainsi que plusieurs conifères.
Un arbre en bonne santé a peu de risque de mourir, et ce, même s’il est défolié à 100 %. Par contre, les risques augmentent si la défoliation survient plusieurs années consécutives ou si l’arbre est affaibli ou stressé. Par exemple, une forte sécheresse peut être un facteur aggravant. De plus, les conifères sont plus sensibles; une année de perte de feuilles suffit à faire mourir de nombreux individus.
Identifier la spongieuse européenne
Pour trouver la spongieuse, on peut rechercher des zones défoliées en mai et juin. Puis, on tente de trouver la larve alors qu’elle est bien développée. On peut aussi rechercher les masses d’œufs à l’automne, à l’hiver ou tôt au printemps.
Caractéristiques de la larve
Tôt au printemps, la larve est noire ou brune. Puis elle devient facilement reconnaissable avec les caractéristiques suivantes :
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Longueur jusqu’à 60 mm;
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Dos de couleur bleu, gris ou noir, parcouru d’une ligne blanche continue ou pointillée;
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Cinq paires de points bleu suivi de six paires rouges sur le dos;
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Grande quantité de longs poils aux propriétés urticantes.
Caractéristiques des masses d’œufs :
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De couleur blanche, beige chamois ou brune;
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Taille similaire à une pièce d’un dollar;
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Forme souvent irrégulière;
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Recouverte de poils irritants.
La spongieuse a été introduite au Massachusetts, aux États-Unis, en 1869. Elle est présente officiellement au Québec depuis 1959. Un inventaire réalisé au Québec à l’été 2020 révèle sa présence de l’Outaouais jusqu’à Rivière-du-Loup. Habituellement, la spongieuse est peu abondante dans la province, mais un hiver clément et un printemps chaud et sec favorisent son développement.
Comme son abondance est cyclique, la spongieuse n’est pas un souci à la survie des forêts pour l’instant. Toutefois, le changement climatique devrait augmenter la fréquence des hivers doux et favoriser l’espèce. En ce moment, 95 % des œufs meurent par le froid l’hiver.
Au Québec, on observe des épidémies localisées depuis 1959. La rareté des chênes et les hivers froids expliqueraient probablement pourquoi elles restent localisées en comparaison avec les épidémies ontariennes. En Ontario, le climat et les espèces forestières sont plus appropriés à la spongieuse. Trois épidémies ont eu lieu au cours des 100 dernières années. Au cours de la pire, en 2020, 500 000 ha de forêt ont été défoliés.
Gestion des arbres et des boisés
EN MILIEU FORESTIER
Réduire le nombre de spongieuses
Pour maintenir les populations à un faible niveau, vous pouvez détruire les masses d’œufs avec une brosse ou les détacher avec un couteau et les plonger dans de l’eau savonneuse. Cette étape peut se faire à la fin de l’été et à l’automne, et ce, en utilisant des gants, car les poils sur les masses sont irritants.
Les masses d’œufs peuvent aussi être éliminées tôt au printemps en vaporisant de l’huile de dormance.
Réduire la vulnérabilité de la forêt
Au Québec, la stratégie utilisée pour contrer les effets de la spongieuse est d’employer une technique d’aménagement adaptée pour réduire la vulnérabilité des arbres face aux défoliations. Il est conseillé de consulter un ingénieur forestier.
De façon générale, il faut maintenir les arbres dans le meilleur état de santé possible. Pour ce faire, il faut :
Aménager régulièrement le boisé pour que les arbres aient une bonne croissance;
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Maintenir les arbres les plus sains et récolter les arbres affaiblis ou moribonds;
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Éviter de blesser les arbres et de compacter les sols;
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Maintenir une bonne diversité d’espèces en forêt;
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Réduire les stress imposés aux arbres défoliés. Par exemple, il est suggéré de ne pas entailler les érables au cours de l’année suivant une infestation de spongieuse.
EN MILIEU BOISÉ
Arbre exempt de larves
Pour empêcher les spongieuses de gravir un arbre et d’atteindre les feuilles, appliquez un ruban adhésif gris à l’envers sur la périphérie du tronc. En cas d’infestation majeure, plus d’une rangée de ruban sera nécessaire et il faudra possiblement les remplacer au fil des jours. Notez qu’il est important de retirer le ruban à la fin de la saison pour ne pas étrangler l’arbre lors de sa croissance.
Arbre envahi de spongieuses
Pour éliminer les larves, enroulez le tronc d’un arbre infesté de toile de jute, fixez cette dernière avec une ficelle et repliez la toile de façon à former une jupe. En soirée, les spongieuses vont se réfugier sous la jute. Ramassez alors les chenilles et jetez-les dans de l’eau savonneuse.
Insecticides
Il existe différents insecticides disponibles, dont le BTK qui est un produit biologique touchant tous les papillons. Il doit donc être utilisé avec parcimonie pour protéger des arbres de très grande valeur ou de grandes superficies en danger. Si un territoire a été touché un été et que l’automne venu, les masses d’œufs sont nombreuses, vous pouvez faire évaluer les risques de votre boisé face à une nouvelle infestation par un professionnel forestier. Il vous conseillera aussi sur la pertinence d’utiliser un insecticide.